samedi 20 novembre 2021

Comment Kabila a pillé les caisses de l'État

[is] Une fuite de données montre que l'entourage de l'ancien président de la république a détourné plus de 475 000 000 000 (475 milliards) francs.

"Congo Hold-Up", le hold-up du Congo. C'est ainsi que des journalistes et des organisations non gouvernementales (ONG) ont baptisé une nouvelle fuite de données, rendue publique vendredi. Les données, environ 3,5 millions de documents, proviennent de la banque BGFI dont le siège est au Gabon. Elles montrent que des proches de l'ancien président, Joseph Kabila, ont détourné d'énormes sommes d'argent pendant son long règne (2001-2019).

Selon un article du média français Mediapart, au moins 138 millions de dollars (276 milliards de francs) sont parvenus au clan Kabila entre 2013 et 2018, directement via la banque BGFI. A cela s'ajoutent plus de 100 millions de dollars (200 milliards de francs) qui ont transité via des comptes BGFI à la Banque centrale congolaise.

Ces chiffres font de la fuite de données "Congo Hold-Up" l'une des plus grandes affaires de kleptocratie africaine de ces dernières années, dans laquelle un enrichissement a pu être prouvé de manière aussi directe. Et c'est l'un des plus graves: Le Congo-Kinshasa est à peu près aussi grande que l'Europe occidentale et compte environ 100 millions d'habitants. En termes de produit intérieur brut par habitant, c'est le sixième pays le plus peuplé du monde.

L'aide des Nations unies est également concernée
L'argent détourné provenait de différentes institutions publiques, dont la banque centrale (50 millions de dollars ou 100 milliards de francs), l'entreprise minière publique Gecamines (20 millions de dollars ou 40 milliards de francs) ou le fonds national d'entretien des routes (20 milliards). Même environ 7 millions de dollars d'aide des Nations unies pour les casques bleus congolais ont été détournés.

"La fuite de données donne une impression globale du pillage sous Kabila. C'est nouveau", déclare Agathe Duparc de Public Eye. L'ONG suisse a participé à l'enquête aux côtés de 13 partenaires du consortium de journalistes EIC et de 4 autres ONG.

Le président de longue date du Congo, Joseph Kabila, avait déjà fait l'objet d'accusations de corruption. Le principal vecteur de ces détournements était une société fantôme appelée Sud Oil. Elle appartenait à la sœur de Joseph Kabila et à l'épouse du directeur de la banque BGFI Congo. La sœur de Kabila détenait également une participation de 40% dans cette banque. Le directeur de la banque est quant à lui le frère adoptif de Kabila et occupait le poste de chef de Sud Oil.
24 milliards de francs ont été versés à l'UBS à Genève.

Selon l'enquête "Congo Hold-Up", Sud Oil a reçu 184 milliards de francs (92 millions de dollars) des caisses de l'Etat congolais au cours de la dernière décennie, dont 104 milliards de francs (51,5 millions de $) de la Banque centrale. La majeure partie de cet argent a ensuite été retirée en espèces.

En outre, Sud Oil a également versé environ 12 millions de dollars (24 milliards Fc) sur un compte à l'UBS à Genève. Près de la moitié de cette somme avait été versée à Sud Oil par la Banque centrale congolaise. L'argent a servi à acheter un bâtiment dans la capitale Kinshasa. L'UBS ne commente pas le cas, mais a souligné de manière générale qu'elle respectait strictement les obligations de diligence dans la lutte contre le blanchiment d'argent.

La question est maintenant de savoir quel sera l'impact de ces révélations en République démocratique du Congo. Joseph Kabila est certes toujours "sénateur à vie", mais certains de ses proches ne sont plus aussi intouchables qu'ils l'étaient autrefois. Ainsi, le chef de l'Autorité congolaise de surveillance financière a qualifié la succursale locale de la banque BGFI de "banque mafieuse" auprès du collectif "Congo Hold-Up". Ni la BGFI, ni l'ex-président et ses proches n'ont répondu aux questions des journalistes.

reportage par Sylvain Besson (reporter d'investigation et rédacteur en chef adjoint du quotidien Le Temps, Genève);  (c) 2021 Itimbiri ya Sika, Aketi (BU)

dimanche 6 juin 2021

Le chef de Boko Haram s'est apparemment donné la mort - la LRA toujours vivante

 Un opérateur radio en République centrafriqine partage
des informations sur les mouvements de la LRA dans
le cadre d'un système communautaire d'alerte précoce
soutenu par des groupes d'aide. (Philip Kleinfeld/TNH)
is. Ceci est une bonne nouvelle: Abubakar Shekau, le chef de longue date de l'organisation terroriste Boko Haram, s'est apparemment fait exploser à la mi-mai. 

Le leader extrémiste a acquis une notoriété internationale pour ses histoires horribles d'enlèvement d'écoliers au Nigeria, selon un enregistrement audio obtenu par l'agence de presse Reuters. Le chef extrémiste est présumé mort depuis plusieurs semaines.

Pas ecnore terminé par contre sont les attaques de la LRA dans le Uele: En 2017, l'armée américaine a annoncé qu'elle mettait fin à la mission avec ces forces spéciales contre la LRA, affirmant que ses opérations avaient "été réduites à l'insignifiance". De même, l'armée ougandaise a commencé à retirer ses troupes dU centrafrique. Les groupes de la LRA, dont le nombre est estimé à quelques centaines, sont dispersés dans certaines parties du Congo, du Centrafrique et des deux Soudans.

La menace de la LRA est toujours là. Selon l'organisation LRA Crisis Tracker, le groupe a mené 42 attaques l'année dernière, faisant 31 morts et 192 enlèvements, principalement dans les zones frontalières reculées de l'Uele, de la RCA et du Sud-Soudan. Cela représente une baisse de 48 % des attaques par rapport à l'année précédente. L'endroit où se trouve Kony reste inconnu. Il pourra bien prendre un exemple au Nigeria et, lui aussi, se faire exploser dans la brousse.

jeudi 25 avril 2019

Le programme spatial congolais

En 1977, le président du Zaïre Joseph-Désiré Mobutu ambitionne d'envoyer des satellites en orbite. Il s'allie à un jeune ingénieur allemand, Lutz Kayser, qui cherche justement des terrains proches de l'équateur pour lancer ses fusées. La première est envoyée le 17 mai 1977, à 20'000 mètres d'altitude. Accusé de faire ces essais à des fins militaires par la France, le Zaïre doit interrompre son programme spatial.

https://www.rts.ch/2019/01/09/18/28/10125568.image/16x9/scale/width/900
Derniers contrôles avant le lancement
de Troposphère V en 2009. (photo RTS)
C'était il y a dix ans, en septembre 2009, que le lancement d'une fusée congolaise, Troposphère 5, était immortalisé dans un reportage de France Ô, qui se termine par l'envol à l'horizontale de l'engin et son crash. Par contre, ce n'était pas du tout un échec. Il y a en fait plein de choses qui avaient marché.

L'ingénieur derrière le programme spatiale congolais, c'est Jean-Patrice Kéka. Il est le créateur de l'entreprise "Développement Tous Azimuts" (DTA). Cet ingénieur a pour objectif de mettre en orbite des satellites depuis le Congo.

Cette volonté de faire un programme spatial, ce qui est pratiquement le sommet du rêve technologique dans un pays où c'est un oxymore, est extraordinaire, même si les résultats ne sont pas à comparer avec ceux des Américains, des Chinois, des Européens ou des Russes. Pendant que ces pays-là dépensent des billiards de francs par an, l'ingénieur Kéka est loin de cela. Pour Troposphère VI en 2019, beaucoup plus cher que les précédents, il a besoin de 20 millions de francs seulement.



Son programme spatial "Troposphère" a déjà lancé trois fusées, dont une première en 2007 qui atteint 1500 mètres. Si la seconde en 2009 décolle jusqu'à 15 km d'altitude, la troisième, elle dévie de sa trajectoire et s'écrase. Pas de quoi décourager l'ingénieur qui s'attelle depuis à la conception de la fusée Troposphère 6.

Pour financer le lancement de Troposphère VI cet été, papa Kéka a besoin de 20 millions. Pas de dollar - de francs congolais seulement. Il a lancé une souscription publique. C'est probablement l'opportunité unique de participer au financement d'une mission spaciale!



Pour soutenir le lancement de Troposhère VI à partir de 15$ (avec des sommes plus élevés, vous pouvé opténir des photos, votre nom inscrits sur la fusé ou une partie originale de Troposphère V.

Vingt milles dollars est un montant dérisoire, mais suffisant, expliqua l'ingénieur congolais à la Radio Suisse en février cette année: "C'est faisable grâce à une approche que nous avons développée ici et que j'appellerais "approximations multiples", très empirique, parce qu'on ne dispose pas des moyens nécessaires pour faire comme les autres."

Pour éviter des coûts de fabrication exhorbitants, l'équipe de 20 personnes utilise les moyens du bord en les perfectionnant. Pour les fusées test, des boîtes à lait ont servi de fuselage, et les composants électroniques récupérés dans des décharges. (is/rts)

jeudi 18 avril 2019

Christophe Baseane Nangaa Gouverneur du Haut-Uélé

C’est le vendredi passé que la Commission électorale nationale indépendante a affiché le résultat de ce scrutin. D’après ces résultats provisoires de la centrale électorale, c’est le député provincial du territoire de Wamba, également sénateur de sa province, Christophe Baseane Nangaa (Lamuka) qui a été élu Gouverneur du Haut-Uélé avec 13 voix contre 7 pour Jean-Pierre Lola Kisanga. Aussitôt après l’annonce des résultats, le nouveau gouverneur de province a été célébré par des centaines voir des milliers d’habitants sortis spontanément dans les rues de la capitale provinciale.
Un cortège avec le nouveau gouverneur s’est dirigé vers la mythique place de Mendambo d’Isiro. Juste avant le point de chute, le gouverneur élu a été obligé, par ses compatriotes de l’ethnie Nande de monter sur le Tshipoyi qui l’a ramené jusqu’au lieu du meeting. Sur place, le gouverneur élu a été accueilli notamment par le très influant député provincial et national, Paulin Odian d’Isiro.

Bien qu’étant de l’opposition Lamuka, l’élu a justifié sa présence aux côtés du nouveau gouverneur, qui selon lui, est un homme d’écoute qui devra être à l’écoute de ses concitoyens pour qu’afin, les défis qui s’imposent au Haut Uélé puissent être résolus d’une manière collective. Quant au gouverneur, il a promis de se mettre vite au travail pour le développement du Haut Uélé d’où son appel à la mobilisation générale pour la réussite de cette mission.

Lors de son discours de campagne lundi devant les élus provinciaux, celui qui n’était alors que candidat a pris l’engagement de mettre en place un gouvernement paritaire dès la prise de ses fonctions. Avec son pragmatisme d’hommes d’affaires, Christophe Baseane Nangaa a promis d’en faire le fil conducteur de sa gouvernance.  
par José-Junior Owawa