jeudi 31 mars 2011

Du jamais vu: Premier mariage mundele depuis l'indépendence

ADM/Grand évènement à Rungu au Haut-Uele: Le samedi 5 Mars 2011 deux jeunes volontaires italiens de l’association italienne Centre des Orientations Éducatives (COE), Mme Astrid Cuck et M. Ugo Roggero se sont mariés à l’Église Sacré Cœur du lieu dit.

Depuis le temps coloniale, on n’avait plus vu une chose pareille, donc une première après 50 ans! L'association COE est présent à Rungu depuis 31 ans déjà avec des volontaires laïques chrétiens. Les deux jeunes mariés ont terminé leurs études universitaires jusqu'avant de venir dans le Haut-Uele en septembre 2010: Mme Cuck en «Anthropologie Culturelle» et M. Roggero en «Sciences naturelles et Biologie». Les deux missionnaires laïcs italiens résteront dans notre région pour deux ans.

Pourquoi êtes-vous venus comme volontaires au Congo?
Mme Cuck: J’avais déjà été au Sud Kivu quelques mois pour faire des recherches anthropologiques. Je me suis trouvée à mon aise et j’ai beaucoup aimée cette expérience. Je voulais la répéter.
M. Roggero: Nous étions fiancés et l’amour pour l’Afrique de ma femme m’a «contaminé». Nous nous sommes vite retrouvés d’accord sur le choix du départ. Nous avons contacté le COE, qui nous a donné la possibilité de faire une longue période de discernement pour bien nous préparer à nos tâches ici.

L'association COE travaille dans plusieurs domaines. À Rungu, elle est impliqué dans l'enseignement maternelle et primaire, l'hôpital de «La Visitation» et dans l'animation sociale et médicale. Quels sont les engagements à vous?
Mme Cuck: Nous sommes engagés dans la promotion socioculturelle dans le Centre Culturel du COE. Mon mari donne des cours d’informatique et moi, je m’occupe d’un groupe de filles mères, en donnant des cours pratiques sur la vie familiale. Nous faisons des activités de formation pour les enfants des écoles, en particulier pour les enfants sourds-muets, et nous suivons aussi un projet agricole et de pisciculture.

Les parents se réjouissent, quand leurs enfants se marient, le village fait la fête. Vous par contre, vous vous êtes mariés loin de vos familles et de votre pays. Y-avait-il des raisons pour vous marier au Congo?
Mme Cuck: Nous étions fiancés depuis longtemps et puisque nous allons vivre ici au moins deux ans et que maintenant Rungu est notre village et notre famille, le choix a été la conséquence logique.
M. Roggero: Arriver au choix du mariage ici en Afrique nous semblait aussi plus facile, car en Italie il y a pas mal de contraintes. On doit avoir un travail sûr, on doit avoir la maison prête, on doit avoir assez d’argent pour toute les dépenses... Ici nous avons eu la collaboration de tant d’amis... sans oublier le service du Protocole paroissial qui a tout très bien organisé.

Mariage loin de sa famille, dans un pays lointain et le premier mariage mundele depuis le départ des Belges il y cinquante ans, cela a été d'une certaine manière «spécial», qu’en dites-vous?
Mme Cuck: Pour nous, le mariage est une étape fondamentale dans notre vie ; je retiens aussi qu’il est un beau témoignage pour les Chrétiens de Rungu. Dans la courte période de notre présence ici, nous nous sommes aperçus que le sacrement du mariage est en profonde crise. Sans doute que cela est dû à des facteurs différents et complexes, en tout cas nous croyons au sacrement du mariage et nous avons désiré d’en témoigner.
M. Roggero: Beaucoup de Chrétiens de Rungu sont venus à la célébration eucharistique de notre mariage et ont participé avec enthousiasme. Nous sommes restés émerveillés, frappés et émus par la fête que les gens nous ont réservée.
Mme Cuck: Il faut dire aussi qu’à Rungu personne ne se souvient d’un mariage entre deux jeunes blancs. Tout pour nous est un don. La vie ici en Afrique nous aide dans notre rapport réciproque et avec les gens ; il y a des défis qui nous viennent de la culture et la façon de vivre. Aussi, nous avons plus de temps pour dialoguer entre nous, pour partager nos expériences et pour nous retrouver en syntonie. Nous grandissons ensemble dans notre amour et dans l’attention aux autres. Il faut en remercier le Seigneur.


COE est une association de volontaires laïcs chrétiens engagés en Italie et dans d'autres pays du monde dans la formation des hommes pour une société plus libre et solidaire, un renouvellement dans la culture. En Italie, COE s'engage pour un nouvel esprit solidaire et interculturel, pendant que dans la coopération avec des pays en développement, des volontaires laïques, mais chrétiens comme Mme Cuck et M. Roggero s'engage pour un monde meilleur.

Itimbiri ya Sika souhaite les meilleures vœux – aussi au nom de ses lecteurs – au jeune couple.

Photos: ADM, Interview: FDP

jeudi 24 mars 2011

Un grand moment de joie et de réconfort, mais la brousse reste abandonnée

Bondo: Lettre ouverte de Mgr Etienne Ung’eyowun après sa tournée pastorale au doyenné d’Ango. Nous publions la lettre du 19 mars 2011 dans l'intégralité.

«Je viens d'effectuer, du 10 février au 16 mars, une tournée pastorale qui m'a conduit jusqu'au doyenné d'Ango où toutes les paroisses ont été déstabilisées par les attaques de la LRA et les éleveurs Mbororo.

Il s'agissait pour moi d'assurer une large diffusion de notre priorité pastorale 2011: «Avec Anuarite, l'Église–Famille de Dieu du diocèse de Bondo au service de la réconciliation, la justice et la paix.» J'ai également conféré le sacrement de la Confirmation à plusieurs centaines de chrétiens. Dans la paroisse de Dakwa, par exemple, c'est depuis douze ans que les fidèles n'avaient pas reçu la visite d'un Evêque. Ce fut un grand moment de joie et de réconfort, après les attaques de la LRA qui continuent dans la contrée.

J'ai rencontré des chrétiens et des catéchistes qui ont été enlevés par la LRA. J'ai vu des jeunes filles revenues de la brousse. D'autres jeunes filles et garçons ne sont pas encore de retour. J'ai parlé avec des catéchistes qui ont fui leurs chapelles pour le moment.

Lors d'une incursion de la LRA à 5 km du centre d'Ango en février dernier, quatre jeunes filles ont été capturées et un homme a été mutilé et tué (à 7 km d'Ango). On signale aussi la présence des soldats ougandais dans la région!

Je me suis entretenu avec les autorités locales et les soldats de l'armée congolaise qui assurent la sécurité de la population. Malgré leurs difficultés et quelques cas de tracasseries, grâce à ces éléments, les habitants ont regagné les grands centres. La brousse (avec les champs, les bêtes et les poissons de la rivière…) est abandonnée à la LRA et aux Mbororo.

Une bonne nouvelle, c'est l'arrivée de plusieurs agences humanitaires internationales dans le territoire d'Ango, afin d'apporter de l'aide à cette population sinistrée: vivres, non-vivres, semences, outils aratoires, médicaments, assainissement de l'eau, réparation de quelques ponts, réhabilitation de deux pistes d'aviation… PAM, Médair, Solidarités, Première urgence, ACF, CESVI, ADSS, CICR, Coopi, Oxfam Québec sont déjà opérationnels et redonnent de l'espoir à la population. Mais les besoins sont immenses.

La population du territoire d'Ango et les humanitaires ont besoin avant tout de la sécurité et de la paix. Je souhaite que la situation sécuritaire s'améliore davantage sur toute l'étendue du diocèse de Bondo pour que l'œuvre de l'évangélisation puisse continuer sans entraves.»

+ Étienne Ung’eyowun
Evêque de Bondo

Ilingi: Tomas Wüthrich, Swisi.


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Lisez dans Itimbiri ya Sika du 31 mars:

Le premier mariage mundele depuis le temps colonial à Rungu. Reportage à ne pas manquer.

jeudi 17 mars 2011

Tous contre le cholera

IyS/Le nombre de cas de cholera est passé de dix-neuf à vingt-trois morts à Kisangani. La population se mobilise.

Le bilan de l’épidémie de choléra à Kisangani pourrait encore s’alourdir selon le médecin urbain de Kisangani. Jusqu’à auhourd’hui, le bilan est de 23 morts (le mardi) et 159 malades.

La prévention du choléra consiste essentiellement en des mesures d'hygiène.
  • Il faut empêcher le croisement de la chaîne alimentaire avec la chaîne des excréments.
  • Bouillez l'eau avant de l'utiliser.
  • Lavez soigneusement les mains et évitez la serviette collective. Il faut nettoyer et désinfecter tout ce qui a été au contact avec des extréments.
  • Utilisez une eau pur pour l'hygiène, la boisson et le lavage des aliments. L’eau pur est une eau bouillie.
  • Il faut se méfier des sources «cachées» d'eau contaminée: fruits et légumes pouvant avoir été lavés avec de l'eau souillée (il faut les peler), glaçons, crèmes glacées et sorbets.
  • En foyer, éliminez les mouches, et organisez l'élimination des selles.

Avertissement
La Mission de Nations Unies (MONUC) a noté que les terroristes de la «Lord's Resistance Army» (LRA) se déplaceraient de Banda vers Dakwa (Bas-Uele).

jeudi 10 mars 2011

Les NGO s’inquiètent: sécurité adieu! FARDC et LRA d'abord, Mbororo après

La terreur de la LRA mena 300 000 personnes dans le Uele à fuir leurs foyers. La présence de «Lord's Resistance Army» (LRA) conduisit à des conditions de détérioration de la sécurité pas seulement de la population, mais aussi des travailleurs humanitaires dans le nord du Congo. Dans le Uele 31 attaques eurent lieu en janvier 2011, autant que dans les trois derniers mois de 2010.

Des combattants de la LRA attaquèrent le bourg de Dungu (HU), une semaine avant que le Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence Valerie Amos visite aujourd’hui même cette petite ville. Le 6 mars, six camions du Programme alimentaire mondial (PAM) furent pris en embuscade par un groupe de 30 hommes armés à quelques kilomètres au sud de Banda, sur la route de Ango, dans le Bas Uele. Les véhicules firent partie d'un convoi fort de 17 véhicules. Les terroristes prirent la fuite avec des sacs de farine et les effets personnels des chauffeurs.

Attaques triplée en 2011
Quelques jours plus tôt, le village de Bambangana, dans la même région, fut la cible d'une attaque dans laquelle plusieurs soldats de l’armée congolaise furent tués, une femme publiquement tuée et un certain nombre violées.

«Les gens ici sont tellement traumatisés qu'ils se réfugient dans la brousse à la moindre alerte», déclara Marine Jarney, qui travaille avec Solidarité Internationale, une ONG qui assiste les personnes déplacées à Dungu. «Telle est la peur de la LRA, un groupe connu pour sa brutalité, que même ceux qui restent dans les camps les mieux protégés prennent la fuite lorsque les rumeurs d'une attaque fait le tour.»

Depuis l’arrivée de ces terroristes originaires de l’Ouganda en 2007, ils tuèrent plus de 2000 et enlevèrent 3000, la moitié d'entre eux étaient âgé de moins de 18 ans. De plus, il y a 293 400 personnes déplacées dans le Uele, dont 56% résident actuellement dans le territoire de Dungu. Abdou Dieng du PAM déclara à Itimbir ya Sika: «Ces gens, qui ont vu des viols, des meurtres, et les enfants enlevés, ont tellement peur qu'ils n'osent plus aller dans leurs champs. Il est très difficile quand ainsi une récolte est manquée.»

La MONUC et les FARDC faitnéant
Il ya eu des appels à renforcer la présence de la mission de paix des Nations Unies, MONUC. Certaines ONG part contre sont opposés à ce que leur travail soit militarisé avec des escortes armées et préféreraient de voir les routes principales rendues plus sûres.

«Il ya un grave déficit de fonds pour la protection des civils et humanitaires.» C’est l’avis d’Emad Aziz, qui dirige les opérations de l'ONU pour les réfugiés à Dungu. Le coordinnateur humanitaire Fidèle Sarassoro par contre dit qu’ «il faut être réaliste et raisonnable, car les capacités sont limitées MONUC». Une réponse qui surpris, car la MONUC a des milliers de soldats, des hélicoptères, des transports, pendant que les terroristes ne sont pas trop nombreux.

La vérité est plus triste : un tiers des violations dans le Uele sont commis par les troupes gouvernementales et un petit nombre même par les troupes internationales de l’ONU. Ceux qui devraient instaurer la paix, donner l’exemple et repousser les violeurs se font aussi coupable. Rappelons que les forces de la MONUC sont toujours très puissantes et quand ils sont forcé par la population comme par exemple le siège et les attaques par pierre de leur quartier à Goma.

Ne pas créer de nouveaux problèmes

Si les forces de l’ordre interviennent quand le bétail des Mbororo détruit les cultures des indigènes, c’est une chose. Mais en passant encore violer 30 femmes de ces nomades, comme ce janvier à Niangara. C’est hors la loi et en plus contra-productiv. Pas seulement une délégation Mbororo a déposé une plainte officielle. En plus, des rapports non confirmés suggèrent que certains parmi les Mbororo ont rejoint les unités de la LRA, et que cela pourrait expliquer l'augmentation des attaques dans la région.

Certes, se sot des rumeurs, mais il ne faut pas mélanger les problèmes. Primo la terreur, à resoudre toute de suite en éliminant la LRA. Secundo la sécurité et le respect des êtres humains, c’est-à-dire la poursuite et condamnation sévère de tous les violeurs. Terzio il faut trouver – comme ailleurs – comment vivre ensmble avec les nomades, qui ne vient pas par plaisir chez nous, mais suivant le rhythme des saison et poussé par le changement climatique.

par Esperence Monoko Polele
photo Mbororo: Médecin sans frontières

jeudi 3 mars 2011

Coups de théâtre pré-électorals à Kinshasa

Révolte ou coup de théâtre dimanche passé à La Gombe? Personne ne sait, mais les indices sont inquiétant.

En début de l'après midi, un groupe armé a approché le palais présidentiel à La Gombe (KN). La première question qui se pose est, comment un groupe peu approcher jusque devant le palais présidentiel sans problèmes?

Rebelles avec machettes ou eventuellement lourdement armés
Selon des sources officielles, les attaqueurs étaient armées des machettes et des flèches. Malgrès que la garde présidentiel est muni des armes à feu, il prend vingt minutes pour reprendre le contrôle devant le palais hyper sécurisé. Comment quelqu'un avec une machette peu résister à une Garde républicaine généralement bien armée pendant plus d'un quart d'heure? Bon, plus tard, un autre port-parole du gouvernement parlait des hommes «lourdement armés».

Six rebelles ont été tué, quelques-uns arrêté et d'autres ont pris la fuite à travers les villes de la province de Kinshasa, suivi par la Garde présidentielle. Ensuite, il avait des coups des feu qui ont été entendus du côté du Camp Kokolo. Pas vraiment bien informé, le ministre de la communication, Lambert Mende a supposé que, «c’est possible que, mis en déroute au niveau de la Gombe, dans leur fuite, ces gens soient passés par le camp Kokolo, mais ils sont toujours pourchassés par les unités loyales.»

Une «rébellion» organisé par le palais?
La dernière phrase est a relire: «pourchassés par les unités loyales.» Est-ce que cela veut dire ques les attaqueurs furent des unités déloyales? Beaucoup de Kinois croient à une mascarade qui permet à M. Kabila et sa clique d'arrêter des opposants avant les élections 2011.

Notre confrère «La Tempête des Tropiques» demande encore: «Comment est-ce que le palais présidentiel de la Gombe est attaqué alors que le raïs est aperçu détendu au Rond Point Socimat et à Barumbu dans sa randonnée dominicale habituelle?»

La seule chose qui est clair, c'est jusqu'à présent, malgrés l'attaque, le président n'a pas apparu à la télévision pour rassurer le peuple, et aucune image a été montré. Il ya a autant de questions ouvertes. Et le gouvernement fait tout pour que les rumeurs poussent comme des champignons: information incomplète, boussillée et contradictoire.

Attentat echhoué contre Cardinal Monsengwo?
ACP/Depuis la semaine dernière, des rumeurs relayées par certains journaux font état d’une tentative d’assassinat du cardinal Monsengwo par un commando kabiliste armé et en soutane. Le prélat catholique s’est rendu à Brazzaville le week-end pour préparer la consécration des évêques de la République du Congo. Le cardinal Monsengwo a juridiction sur les provinces ecclésiales de la République démocratique du Congo, de la République du Congo et de la République Gabonaise, rappelle-t-on.

Mgr Monsengwo joint au téléphone, dit de ne rien savoir sur cette attaque: «Au regard d’une certaine intoxication qui passe par les médias congolais et qui, sans nul doute, vise à déstabiliser l’Eglise catholique à travers ses pasteurs», a déclaré le cardinal Monsengwo qui, a rappelé les prêtres sur ce qui doit être leur seule préoccupation: annoncer l’Évangile du Christ et rien d’autre, rapporte l’Agence presse associée. Par contre, les fidèles peuvent bien juger les candidats et leurs actes par l'Évangile avant de déposer leur voix.

par Esperence Monoko Polele
avec la presse de la capitale (La Tempête des Tropiques, Le Potentiel, L'Avenir, La Prospérité) et Radio Okapi.