Martin Jones, vice-président de Banro, qui déplace sans pitié 5000 dans le désert sans eau potable. |
C'est Néhémie Bahizire qui apporte la mauvaise nouvelle. Il raconte: «Le tissus social d’un peuple qui vivait jusqu’ici en paix et dans la solidarité réciproque est compromis: ses membres sont devenus ennemis les uns des autres et ce uniquement parce qu’une société canadienne à la recherche d’or est venue s’établir sur leur terre,»
850 familles laissées sans eau
L’entreprise canadien Banro corporation a commencé d’abord par chasser tous les 450 exploitants artisanaux miniers, qui vivaient de ce travail. Ayant une concession pour la mine, ceci est juste du point de vu juridique. Par contre après, Banro a chassé ou délocalisé la population qui vivait depuis qu’elle existe sur cette terre dans laquelle se trouve l’or. Il s'agit de 850 familles avec environs 5100 membres qui ont été chassées de leurs propriétés terriennes. En guise de dédommagement des populations expropriées, Banro Corporation a construit sur un autre site des maisonnettes en briques non cuites de 20m2 chacune par famille délocalisée», affirme notre correspondant.
Les nouvelles maisons sont cependant «construites sur un site impropre à l’habitation, à une altitude très élevée sur la montagne. Le climat y est hostile à cette population qui vivait à basse altitude. Pour avoir de l’eau, les femmes doivent faire face au calvaire de descendre et remonter des kilomètres au moins deux fois par jour. Enfin, à moins d’une année, ces maisonnettes menacent de s’écrouler, car présentant des fissures dans les murs. Quant à la terre à cultiver, chaque famille se contentera d’exploiter un jardin potager dans la parcelle où sera bâtie sa maisonnette, et pour le reste, elle n’a qu’à se débrouiller.»
Absence du chef traditionnel
Au plan social, se sont créées des divisions et des tensions au sein de la population locale parce que « La Mwamikazi (mère du chef traditionnel, qui assume l’intérim de son fils encore aux études en Grande Bretagne) est en connivence (comme d’ailleurs les autorités tant politico-administratives, policières que militaires) avec l’entreprise Banro. Une partie de la population soutient la Mwamikazi et une autre est contre elle, l’accusant de complicité avec l’entreprise Banro pour ravir leur terre,» raconte Néhémie Bahizire.
Il dénonce en outre les discriminations que subissent les travailleurs locaux par rapport aux dirigeants d’origine étrangère et le non respect des normes environnementales: «La population de Twangiza pense avec raison qu’après épuisement de l’or Banro démontera son usine et s’en ira ailleurs, après avoir détruit faune, flore, rivière et montagne avec toute la biodiversité. Que restera-t-il à cette population?» conclut-il.
par L.M.
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