jeudi 17 février 2011

Après la Caritas, la Croix rouge lance un opération géante dans le Nord du Uele

Depuis cette semaine, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé la plus grande intervention humanitaire du jamais vu. Il a commencé à transporter plus de 800 tonnes de semences et d'outils divers pour le Haut-Uele et le Bas-Uele.

C'est avec le soutien de la Croix-Rouge congolaise que les semences et les outils seront distribués dans les territoires d'Ango, Banda, Doruma et Niangara. C'est pour venir en aide à 90 000 personnes, résidents locaux et .

Solidarité remerciée
«Au cours des deux dernières années, la plupart de la population a fui la violence liée à la présence de l'Armée de résistance du Seigneur», a expliqué Abdallah Togola, le délégué du CICR chargé de l'opération dans l'entretetien avec Itimbiri ya Sika. «Bien que certains aient maintenant été en mesure de retourner dans leurs foyers, ils ont souvent tout perdu, y compris les réserves alimentaires à partir d'un certain nombre de récoltes.» Beaucoup d'autres avait pris en charge des personnes déplacées comme un acte de solidarité et ont partagé leurs maigres ressources avec eux.

Appui pour cultivateurs et pêcheurs
Pour aider à relancer la production agricole, la Croix-Rouge donne à chaque famille 20 kg de semences d'arachide et encore 20 kg de semences de riz à croissance rapide qui pousse en 90 jours seulement. Cinq cents autres familles de pêcheurs recevront le matériel dont ils ont besoin pour reprendre leurs moyens de subsistance.

«Le Uele souffre non seulement de la violence endémique», a déclaré James Reynolds, chef adjoint de la délégation du CICR au Congo à la presse internationale. Il a répété des faits bien connu, mais souvent ignoré, même à Kinshasa: «Le Uele, c'est la moitié de la taille de la France et n'a pratiquement aucune infrastructure de base. Les routes sont souvent impraticables, le chemin de fer hors service et il n'y a pas de service postal, presque pas de télécommunications. Il est donc très difficile pour les organisations humanitaires à atteindre les personnes qui ont besoin d'aide.»

N'oubliez pas l'Uele pour une solution durable
Pour mener à bien une telle opération à grande échelle dans ces circonstances, il a été nécessaire pour obtenir l'aide de la population locale pour réparer les routes et deux pistes d'atterrissage. Sur notre photo: débroussaiage à l'aéroport d'Ango. L'opération continuera jusqu'en mois de Mars, avec des dizaines de vols par jour et le travail acharné d'un grand nombre de bénévoles national de la Croix Rouge. Le CICR a joué un rôle actif dans cette région depuis 2009, offrant des services traditionelles de la Croix rouge qui incluent le regroupement de membres de familles dispersées par les terroristes. Par contre, c'est la première fois depuis le début du terreur qu'une autre grande organisation que la Caritas vient au secours de la population du Uele. Par contre, un solution, respectivement une fin du terreur est encore loin, car le Uele n'a aucune importance dans l'agenda ni de Kinshasa, ni de Washington, de Paris ou ailleur. Selon des informations receuilli par Itimbiri ya Sika, même l'opération de la Croix rouge ne passa pas dans la presse européenne.

par Esperence Monoko Polele

avec les agences de presse et le service de presse du CICR
Photos: CICR, Genève



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Interview avec Abdallah Togola, délégué du CICR pour le Uele

Combien de familles vivent avec seulement un dollar par jour?
Ne parlons pas de dollar. La plupart des familles survit avec moins de 50 francs congolais par jour. C'est moins que 10 cents. Avec un peu de chance, un famille a un dollar par semaine. Je viens d'un village, où les gens n'avaient que des tubercules sauvages pour se nourrir. Ils ont perdu trois récoltes consécutives, les outils étaient volés.

Beaucoup de déplaces ont regagné leurs villages. La situation s'améliore donc?
Je pense à une famille avec cinq enfants d'Ango. Ils avaient deux champs. Celui de manioc et de bananes est à trois heures de marche dans la forêt. L'autre aux légumes est tout petit et près la maison. En septembre 2009, elle a dû fuir, abandonnant récolte et biens. Quelques mois plus tard, ils sont retournés. Leurs champs étaient dévastés et leurs outils avaient été volés. Par peur de partir dans la forêt, ils ne cultivent que le jardin près de la maison. Et depuis deux sœurs du père et leurs enfants les ont rejoints car en fuite du terreur, la famille ne compte plus 7 bouches à nourrir, mais 17.

Vous voyez bien, la Croix rouge se rend sur place pour retrouver la réalité, telle que vous la connaissez déjà.

Quelle influence du manque d'infrastructure sur l'économie locale? Ne devrait-on pas encourager la population de sortir de la crise par ses propres moyens?
Vous avez raison. Mais comment reconstruire des routes, remplacer des outils volés ou de la semence pour relancer l'économie avec 50 Fc. N'oublions pas: la nourriture peu être plantée et cultivée, mais le minérval*, les habits ou le sel, c'est toujours à payer en argent. Lescultivateurs sont réduits à transporter leurs produits à vélo ou en pirogue et ne parviennent à en écouler qu’entre dix à quinze pour cent. L'impact sur l'économie locale en est dévastateur. Les habitants se sentent abandonnés de tous.

Pour lancer son opération d'aide humanitaire, le CICR a contribué au désenclavement de certaines localités. La population locale a participé avec grand joie à ces travaux du programme de création d’emplois à court terme («argent contre travail»). Ainsi, la population locale a réhabilé quelques routies ainsi que les aérogares de Banda et d'Ango.

*rappelons à nos lecteurs étrangers, que le minérval est l'écolage, les frais scolaires.

Vous avez lancé cette semaine la plus grande opération d'assistance du jamais vu. De quoi s'agit-il?
D'abord, nous voulons relancer l'économie locale. C'est pourquoi, en plus des projets de réhabilitation d'infrastructures, le CICR distribue des semences et des outils aratoires à 90 000 résidents et déplacés dans le Uele. Nous voulons les familles puissent assumer de manière autonome leur approvisionnement en produits vivriers dès la première récolte en mai, donc dans trois mois déjà.

À part de cela, nous sommes en discussion avec le Programme Alimentaire Mondial en vue d'éventuelles distributions de rations alimentaires en attendant la première recolte. Nous distribuons aussi du matériel de pêche à 500 familles du Bas Uele qui vivent traditionnellement de cette activité et qui ont tout perdu après avoir fui leurs villages.

Quelles sont les plus grandes difficultés dans cette opération?
Ce sont d'abords les innombrables obstacles logistiques. Au Bas-Uele nous acheminons 375 tonnes de semences et d'outils pour 7 000 familles à Ango et 1 700 familles à Banda. Pendant trois semaines les volontaires de la Croix rouge ont sillonné des villages isolés, accessibles uniquement en vélo pour enregistrer les bénéficiaires. Des pistes d'attérissages aux points de distribution, nous traversons avec nos camions des rivières, des ponts reconstruits et des zones envahies par la forêt. Nous espérons que cette opération aura un impact très positif pour cette population trop souvent livrée à elle-même. (I.S.)

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