Il ya a 10 ans:
Le 13 novembre, le capitaine Schoeters, officier du secteur «Ops Nord», prit les dispositions nécessaires auprès de l'OTRACO en vue d’assurer l'acheminement de barges chargées de charroi et de matériel logistique pour la poursuite des opérations. À Léopoldville, l'Office des Transports Congolais était intéressé par la reprise du trafic fluvial vers les agglomérations récemment libérées par l'ANC. L'administrateur-gérant Hubert Dejeneffe décida de se rendre le 23 novembre à Bumba en DC-3 d'Air Congo avec Jacques Mbilo, directeur d'exploitation des voies fluviales, pour y inspecter les installations portuaires. Les autorités militaires facilitèrent leur mission, car le ravitaillement de Bumba était primordial pour l’ANC. Ils furent accueillis à l'aérodrome par le directeur de l'OTRACO Albert Dovelle, chargé de mission, et par le chef de zone de l'Itimbiri Joseph Lay. Ils étaient venus en bicyclette, car tous les véhicules avaient disparu et ils les accompagnèrent au port. Durant la visite du port, ils leur firent le récit de la libération de la ville par l'armée congolaise un mois auparavant.
Les installations portuaires, consistant en trois appontements de 14 mètres de large sur 230 mètres de rives, 2950 m2 de magasins, une grue tripode et un ponton grue de 10 tonnes, étaient dans un état lamentable: la toiture du magasin «Import» était trouée par des centaines de balles de mitrailleuses et devait être remplacée, le dallage du quai avait été détruit par un obus de mortier et une grue tripode était endommagée. Une partie du magasin des approvisionnements avait été pillé par la population, deux coffres-forts avaient été forcés, de nombreux documents avaient disparu et dans tous les coins de la ville, on marchait sur des tessons de bouteilles de bière.
Le lieutenant-colonel Itambo et les officiers du QG d'Ops Nord leur réservèrent un bon accueil et à leur demande, le commandant du secteur fit interdire l'accès du port fluvial à toutes les personnes étrangères. Sur ordre du capitaine Schoeters, le remorqueur «Aru» de l’OTRACO avait été réquisitionné la veille de leur arrivée pour former un convoi de trois barges amarrées en pointe. Cette base flottante d'appui logistique partie de Bumba, avait été confiée au capitaine Smolders, ancien de la Force Publique, assisté de deux volontaires sud africains et de quelques soldats noirs. Il devait ravitailler une colonne de l'ANC partie à l'aube par la voie terrestre en direction d’Aketi.
Le convoi tiré par le remorqueur «Aru» vogua sur la rivière Itimbiri en direction de cette localité portuaire. Il avait été armé de mortiers et de mitrailleuses par les militaires qui l’occupaient et des sacs de sable avaient été disposés sur ses ponts pour protéger l'équipage fourni par l’OTRACO. Le lendemain de leur arrivée à Bumba, les envoyés de l'OTRACO venus de Léopoldville apprirent par la radio que la localité d’Aketi avait été reprise par les forces d'Ops Nord et que Stanleyville, capitale de la rébellion depuis août 1964, était tombée aux mains du 1er bataillon parachutiste de Diest qui y avaient accueilli la 5e Brigade mécanisée. Il leur fut impossible de se rendre dans ces agglomérations par manque de véhicules et aucun des avions militaires ne pouvait les prendre à bord, car ils effectuaient sans arrêt des missions de bombardement, de transport et de reconnaissance. De plus, le siège de l'OTRACO à Léopoldville avec lequel ils étaient en contact phonie leur fit savoir que le QG/ANC n'autorisait pas l'arrivée de civils dans les localités libérées.
Pendant ce temps, l’équipe du major Genis organisait l’évacuation vers l’aérodrome d’Aketi des otages sauvés des griffes des Simba et les volontaires patrouillèrent ensuite vers Titule, Zobia, Dingila et Bambesa à la recherches d’autres Européens. Dans l'après-midi du 25 novembre, les réfugiés d'Aketi firent escale à Bumba avant de rejoindre Léopoldville par avion de l’US Air Force et des agents de la Vicicongo apprirent au directeur Albert Dovelle que le personnel de l'OTRACO avait probablement fui en brousse, car aucun d'entre eux n'avait été tué par les rebelles.
Ce jour là, le remorqueur «Avakubi» déhala les barges en aval du port pour le dégager des corps de rebelles tués qui flottaient près du quai. La même mesure fut prise en amont sur la rive droite du fleuve où étaient amarrées des allèges et les cadavres mulélistes furent emportés par le courant dans l'indifférence générale. Le port de Bumba reprenait peu à peu un aspect normal et à 21h10, l'ITB «Moulaert» venant de Lisala accosta. Il était commandé par le capitaine Dongala qui leur apprit que le balisage laissait à désirer sur la route qu'il avait suivie, mais qu'elle était praticable sans trop de risques par des capitaines expérimentés. Le 25 novembre vers une heure du matin, le remorqueur «Aru» revint d'Aketi avec ses barges.
publié par Itimbiri ya Sika, jeudi, le 3 décembre 1964.
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