samedi 25 décembre 2010

Faradje: Massacre au concert de Noël: Deux ans déjà - et toujours pas de sécurité

Le 25 décembre 2008, le jour même où avaient lieu les massacres à Batande, un autre groupe de terroristes de la LRA a attaqué la ville de Faradje, à 300 kilomètres environ à l'est de Doruma. D'après des officiers de l'armée ougandaise, ce groupe était commandé par le Lt. Col. Charles Arop. Avec une population d'environ 37 000 personnes, Faradje est l'une des plus grandes villes de la région et compte un nombre important de magasins, aussi elle offrait des perspectives de pillage plus riches que les villages agricoles.

Dans l'après-midi, alors que les habitants étaient réunis pour un concert de Noël, un groupe d'environ 200 terroristes de la LRA sont descendus sur la ville et ont tué au moins 143 personnes, des hommes pour la plupart, et ont enlevé 160 enfants et des dizaines d'adultes. Les attaquants se sont livrés au pillage avant de mettre le feu à 940 maisons, trois écoles primaires et neuf églises.

Mes enfanst étaient au concert lors de l'attaque

Marie, âgée de trente ans et mère de sept enfants, a témoigné que son mari et d'autres membres de sa famille ont été tués le jour de Noël. Elle a raconté :

«J'étais chez moi et mes enfants se trouvaient au concert de Noël quand la LRA a attaqué. Tout d'un coup, vers 5 heures de l'après-midi, j'ai vu des gens qui couraient dans les rues, en s'éloignant du centre de la ville. Mes enfants ont couru à la maison, et puis quatre hommes portant des uniformes militaires sont apparus derrière ma maison. L'un d'eux a dit en mauvais lingala: «Ne courez pas. Restez avez nous. Nous sommes ici pour vous.» D'abord j'ai pensé qu'ils étaient des soldats de l'armée congolaise, mais ensuite l'un d'eux a attrapé ma fille de 13 ans, l'a traînée dans la rue et a pointé son fusil sur elle. J'ai vu ses longues dreadlocks et alors j'ai réalisé que c'était la LRA qui était venue nous attaquer. Ma fille a réussi à se dégager, et les trois autres soldats nous ont encerclés, les neuf qui restions -quatre hommes, deux femmes et trois enfants.

Ils sont entrés dans la cuisine, ont attrapé les pilons de bois dont on se sert pour piler le maïs, et ont commencé à tabasser les hommes. Ils ont coupé le majeur de mon mari avec une machette avant de le frapper à la tête. Il a réussi à survivre mais il est mort plus tard à l'hôpital. Les attaquants ont arraché l'œil gauche d'un des autres hommes puis ils l'ont tué d'un coup à la tête. Ils ont coupé l'oreille du troisième homme avec une hache, lui ont tiré dans le genou, puis l'ont tué d'un coup à la tête. Le quatrième homme a réussi à s'échapper après avoir esquivé deux coups à la tête. J'ai couru dans la brousse avec les autres femmes et les enfants. Nous avons entendu des coups de feu toute la nuit et regardé la ville qui flambait.»

Ils ont tué mon mari devant moi

Lillian, âgée de 28 ans et mère de cinq enfants, a été capturée ainsi que sa fille de 11 ans et son mari.

«Ils ont tué mon mari devant moi en lui fracassant le crâne avec un gourdin. Les combattants ont alors enfoncé les portes de toutes les boutiques du marché et nous ont donné des choses à transporter. Nous étions une cinquantaine à avoir été enlevés. Nous avons marché environ sept kilomètres sur la route principale, avec plus de cinquante combattants, dont des hommes, des femmes et des enfants soldats. J'ai réussi à m'échapper et je suis revenue dans la ville qui brûlait avec des cadavres répandus sur la place du marché. Mais ma fille est encore avec la LRA.»
Enfants tués, car trop jeune pour esclavage sexuel

Les terroristes de la LRA ont forcé les enfants ainsi qu'une vingtaine d'adultes enlevés à transporter le butin de leurs pillages jusqu'au Parc national de la Garamba, la direction d'où ils étaient venus. Un garçon a expliqué:

«Nous avons dû marcher dans la brousse toute la nuit. Ils me frappaient vraiment fort parce qu'ils disaient que je marchais trop lentement. Ils nous frappaient aussi si nous essayions de nous parler. J'étais au bout de la file et j'ai réussi à m'échapper le matin vers huit heures, et j'ai couru tout le long du chemin jusqu'à chez moi.»

Peu après avoir enlevé les enfants, les assaillants ont tué au moins 16 d'entre eux, dont la majorité avait moins de 10 ans, peut-être parce qu'ils les trouvaient trop jeunes pour servir comme porteurs, combattants, ou esclaves sexuels.

La protection arrive trop tard

Le matin du 26 décembre, la MONUC a aidé les soldats de l'armée congolaise à se déployer à Faradje et aux alentours. Lorsque les hélicoptères de la MONUC les ont survolés, les terroristes de la LRA à Takiani ont grimpé dans les arbres et se sont cachés dans les maisons pour ne pas être vus par les soldats se trouvant dans les hélicoptères. Le temps que les soldats congolais aient atterri et soient arrivés à pied à Takiani, les derniers terroristes de la LRA étaient partis, semant sur leur passage la mort et la destruction.

selon les rapports de HRW et Caritas, publié dans notre édition du jeudi, 23 décembre 2010.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires en français et en lingála sont acceptés. Il doivent être signé. Avant la publication, ils sont lus par la rédaction.