samedi 8 mai 2010

Province de l'Ituri: De mauvais démocrates à Kinshasa

OKP/DCN/Les députés de la Province orientale originaires de l’Ituri ont déclaré le matin du 3 mai devant la presse de Kisangani que le samedi 15 mai, le district de l’Ituri deviendra la province de l’Ituri. es parlementaires se basent sur la constitution du 18 février 2006. Son article 2 stipule que le vendredi 14 mai 2010 est la date butoir de mise en place des provinces. L'Ituri est prêt à fonctionner comme province avec toutes ses institutions, selon Floribert Katanabo, porte parole des députés de l’Ituri. Les représentants de toutes les 18 communautés tribales locales de l’Ituri se sont réuni lors d’une assemblée extraordinaire organisée pour la circonstance hier à Bunia. Là, ils se sont prononcés en faveur de la décentralisation et ils ont marqué leur soutien à la démarche visant à élever ce district de la Province Orientale au statut de province.

Le sujet dominait les colonnes des journaux parus ce mardi. Il nous a fallu une petite semaine pour les recevoir au Bas-Uele, voici la revue de presse et notre commentaires en bas:

Le Potentiel fait état d’un acte de rébellion en Ituri. Il joue avec le feu de la guerre: Excès de zèle ou signe avant-coureur d’un autre complot contre la République? Pourquoi des légalistes se permettent-ils de faire des déclarations incendiaires alors q’une initiative visant à éviter toute violation de la Constitution est en cours au Parlement? Décider unilatéralement d’ériger le district de l’Ituri en province n’est rien d’autre qu’une provocation, un acte de rébellion visant à déstabiliser le Congo quand on sait que l’Ituri dispose de minerais qui ont incité la convoitise d’un État voisin à envahir le Congo.

Selon Le Potentiel, les députés de l'Ituri qui suivent la constitution et font pression au gouvernement qui traîne, veulent rééditer l’exploit dans le cadre de ce complot machiavélique de balkaniser le Congo.

La Référence Plus par contre rapporte «plutôt que d’une rébellion, les signataires de la déclaration considèrent leur démarche comme conforme à la constitution». Les députés provinciaux de l’Ituri, signataires de cette déclaration politique, ne manquent pas de motivations. Pour eux, le district de l’Ituri est caractérisé par la sous- administration et la mauvaise gouvernance. Les conséquences de celles-ci sont les détournements des deniers publics, la corruption, l’institutionnalisation des «opérations retour» observés à tous les niveaux des services devenus système de gestion.

Le Phare note, pour sa part, que la bataille des provincettes est ainsi lancée à partir d’une des zones la plus troublée et la plus instable de la République depuis plus de 10 ans. De l’avis des partisans de l’autonomie politique, administrative et financière de fait de l’Ituri, le non respect de la volonté du législateur à la date échue constituerait une violation de la loi fondamentale du pays. Et en nommant l'Ituri une «provincette», même s'il sera avec sa taille un pays en Europe (!), Le Phare montre comment il s'aplatit devant le pouvoir de Kinshasa et que pour lui la constitution a une moindre importance. Mais Le Phare n'est pas le seul: Le projet de révision de la constitution avant qu'elle est réalisé complètement, à l’ouverture de la session actuelle du Parlement, car confirmé par les présidents des deux chambres, semble avoir été éclipsé par d’autres centres d’intérêt que celles de la démocratie.

La Prosperité ramène ses lecteurs à l’Assemblée nationale où l’affaire de la décentralisation, estime la consoeur, conduira le ministre de la décentralisation, Mbusa Nyamwisi à décliner les difficultés rencontrées dans la matérialisation du chronogramme tracé dans la Constitution qui prévoyait l’installation de vingt-six provinces dans les trois ans.
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Soyons franc: la situation reste délicate: D'un côté, il y a la constitution, voté par la population. Elle soutien les députés de l'Ituri pour enfin avancer avec la décentralisation. Par contre, cela ne devrait pas se faire à la manière unilatéral. Sauf: Comment faire avancer les choses? Comment pousser un gouvernement qui traîne, des assemblées nationales qui veulent déjà changer la constitution? Nous avons beaucoup des sympathies avec les députés de l'Ituri. Premièrement, ils ont choisit la voie pacifique. Pas de rébellion, pas de machettes. Ensuite, après avoir se plaint, ils veulent prendre les choses en mains. Ils ne demandent pas à quelqu'un de faire mieux dans l'Ituri. Ils mettent les mains à la pâte eux-mêmes.

Troisièmement, si un gouvernement central n'arrive pas à bien gérer les choses dans un district 3000 kilomètres éloigné de la capitale, cela ne veut pas dire que une administration locale échouera aussi. Pour Kinshasa, l'Ituri est un district parmi tant d'autres. Pour un nouveau gouvernement à Bunia, il a un seul but: l'Ituri.

Et pour finir, parlons de chiffres: Avec sa surface, l'Ituri est deux fois plus grand que la Belgique, toujours plus grand comme la Suisse, les Pays Bas – tous des pays qui semblent bien fonctionner. En Europe, l'Ituri sera placé au milieu, pas dans la liste des province, mais des pays! (Et notre confrère ose encore parler de 'provincettes'.) Si nous parlons population, l'Itrui se placerai en Europe de nouveau au milieu, en compagnie de l'Autriche, la Bulgarie et une fois de plus la Suisse.

En mettant des bâtons dans les roux, le Congo n'avancera jamais. C'est la maladie du pays: freiner les autres pour éviter le progrès, éviter le succès, éviter l'avenir. C'est pourquoi nous espérons que d'autres députés dans d'autres future provinces sont aussi courageux que leurs confrères de Bunia. Qui bien commence, bien avance! Pire qu'aujourd'hui n'est pas possible, Nous pouvons uniquement gagner. À l'Ituri et – pourquoi pas dans les 25 autres provinces?

Commentaire par Esperence Monoko Polele

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