jeudi 10 mai 2018

Voilà, comment sortir de la crise!

f.u. Après l'analyse sur l'état de notre pays dans les deux numéros précédents, beaucoup de lecteurs se sont posé la question: Alors, que faut-il faire? 

La seule pression politique ne convaincra pas Kabila de laisser le pouvoir - au moins pas s'il vient de Paris, de Bruxelles ou de Washington. C'est précisément la raison pour laquelle les sanctions imposées par l'Union Européenne aux dirigeants congolais sont largement inefficaces.

L'Occident devrait plutôt soutenir ceux qui sont encore les plus susceptibles d'être entendus à Kabila: les principales voix critiques dans le pays et dans la sous-région. Ici, les chances sont bien meilleures qu'au début de la crise actuelle. Avec Mugabe au Zimbabwe, Zuma en Afrique du Sud et dos Santos en Angola, trois leaders importants dans le voisinage du Congo qui soutenaient Kabila depuis longtemps ont dû abandonner le pouvoir ces derniers mois. La SADC, la Communauté de développement de l'Afrique australe, est maintenant largement d'accord sur le fait que le Congo a besoin d'élections et d'un successeur à Kabila dès que possible. Dans le pays même, l'Église catholique - la plus grande et la plus puissante d'Afrique - prône de plus en plus vigoureusement le changement. Récemment, elle a également été soutenue par les protestants et les musulmans.

Quiconque veut un changement de pouvoir pacifique à Kinshasa doit soutenir ces acteurs dans leurs efforts pour ramener Kabila à la raison - financièrement, mais aussi logistiquement si nécessaire, par exemple en organisant des réunions. Sans partenaire, les puissances occidentales de Kinshasa se heurtent à un mur et menacent de prolonger l'impasse catastrophique. Reste à savoir si Kabila devrait être garanti dans les négociations - immunité pénale ou protection d'une partie de ses actifs - reste à voir. Mais sans compromis, la crise sera difficilement désamorcée.

Mais avant de pouvoir envisager un vote équitable, il faut contenir la violence et la catastrophe humanitaire qui y est associée. L'Occident ne pourra pas éviter une augmentation massive de l'aide d'urgence. Il y a beaucoup de vies en jeu. Le Congo le sait mieux que n'importe où ailleurs. Selon les estimations, au moins deux millions et demi de personnes sont mortes lors de la dernière guerre du Congo entre 1998 et 2003. Aucun autre conflit n'a connu autant de victimes depuis la Seconde Guerre mondiale.

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