Dans un pays idéal, civilisé et dont les «résidents de la république» sont informés de leur histoire et font un travail permanent de la mémoire, cette nomination de Charles Bisengimana aurait soulevé des cris d’orfraie, des manifestations et des appels pour l’annuler. Et pour cause…
L’organisme canadien Droits et Démocratie (le Centre international des droits de la personne et du développement démocratique) avait publié en janvier 1999 le rapport titré «Commission internationale non-gouvernementale sur les violations massives des droits humains en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) 1996-1997». Le rapport est exhaustif et prend en compte tous les protagonistes impliqués dans la guerre qui ravagea le Zaïre dans la foulée du Génocide rwandais.
19 crimes effroyables sont identifiés par la commission d’enquête canadienne; et le Général Charles Bisengimana avait personnellement commis plusieurs de ces crimes:
- «meurtres, assassinats, tueries, noyades
- incendies de villages et de récoltes, destructions matérielles
- torture et traitements inhumains, mutilations
- viols
- disparitions
- pillages systématiques
- obstructions à l'aide humanitaire
- incitation à la haine
- vol de bétail et de biens
- prise d'otages
- enlèvement d'enfants et de malades
- recrutements d'enfants mineurs
- non-assistance à peuple en danger
- arrestations et détentions arbitraires
- condamnation et exécutions sans recours à un tribunal légalement constitué
- crime d'agression
- expulsion forcée des Tutsi (Masisi, Kinshasa, Katanga, Kisangani)
- rapatriement forcé des réfugiés
- persécution pour des motifs raciaux, ethniques ou politiques.»
L’enquête identifie également des des «personnes qui auraient réellement commandé des opérations ou auraient été identifiés par des témoins oculaires dans les lieux où des massacres auraient été perpétrés». Le rapport précise: «la Commission non-gouvernementale a procédé par une enquête sur le terrain en janvier et février 1998 pour vérifier certains témoignages déjà rapportés dans les rapports d'organisations non-gouvernementales […] et recueillir des informations sur l'identité des auteurs soupçonnés des massacres. Elle s'est efforcée dans la mesure du possible, sur la base de descriptions physiques des témoins oculaires interrogés, à déterminer qui étaient les commandants militaires sur le terrain au moment des massacres et quels civils jouaient un rôle particulier».
Le rapport recommande qu’une «enquête judiciaire» criminelle pour «crimes de guerre», «crimes contre l’humanité» ou «actes de génocides» soit ouverte à charge du «suspect de première qualité» qui vient d’être promu patron de la Police Nationale Congolaise, le Général Charles Bisengimana. La Commission identifie 7 sites des massacres dans le seul Nord-Kivu, où le Général Charles Bisengimana est placé sur le site des massacres numéro 7, dans la localité de Mugunga. M. Bisengimana ne voulait pas se prononcer sur ces accusations devant la presse.
Une question devrait donc se poser avec urgence aux autorités congolaises et au Raïs en particulier: faut-il remplacer, à la tête de la police nationale, des meurtriers présumés par des criminels de guerre?
À tout prendre, chaque jour, que dis-je, chaque minute, chaque seconde que le sanguinaire qui a nom Charles Bisengimana passe comme patron de la Police Nationale Congolaise signifie le règne de l’impunité effrénée et constitue une moquerie du slogan «Tolérance Zéro».
Commentaire par Alex Engwete
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