jeudi 16 juin 2011

L’Afrique a cédé 60 millions d’hectares de ses terres en 2009

L’Oakland Institute dénonce les fonds spéculatifs et les caisses de pension, qu’il accuse de créer la volatilité dans la production et les prix des produits agricoles.

En achetant ou en louant des vastes superficies de terres en Afrique, les fonds spéculatifs et les caisses de pension sont responsables de la volatilité de la production et des prix agricoles. Sonnant la charge, Frédéric Mousseau, directeur politique de l’Oakland Institute aux États-Unis, affirme qu’en 2009 pas moins de 60 millions d’hectares de terres, soit l’équivalent de la superficie de la France, sont passés sous leur contrôle, contre une moyenne de 4 millions d’hectares par année auparavant. «Les négociations avec les États ont lieu dans une totale opacité, alors même que les implications concernent directement la production alimentaire dans le monde», dénonce-t-il en marge de la publication mercredi d’un rapport intitulé «Understanding Land Investment Deals in Africa».

Le rapport révèle aussi que l’accaparement des terres qui se fait en violation des règles ne rapporte aucun bénéfice aux populations locales. Par contre, ce phénomène est synonyme d’expulsion de millions de petits paysans de leur terre ancestrale. Il implique aussi le remplacement de cultures traditionnelles par les cultures de rente, notamment pour la production des biocarburants ou de fleurs coupées.

«Les mêmes entreprises financières qui ont conduit à la récente récession dans le monde en créant la bulle immobilière aux Etats-Unis par des montages financiers risqués et opaques refont les mêmes manœuvres avec la production agricole mondiale», poursuit Frederic Mousseau.

Les chercheurs dévoilent certaines conditions dans lesquelles les transactions sont négociées. «Un investisseur interviewé explique que parfois une bouteille de John­ny Walker et des promesses de création d’emplois suffisaient pour entrer en contact avec un chef de tribu», raconte Anuradha Mittal, directeur d’Oakland Institute. Le rapport donne des détails par rapport à de nombreux pays, notamment le Mali, la Sierra Leone, le Mozambique, la Tanzanie, le Soudan et l’Ethiopie. Ce dernier pays d’Afrique de l’Est accorde de vastes concessions aux étrangers mais, paradoxalement, il est aussi le plus grand bénéficiaire de l’aide alimentaire américaine. Selon ce rapport, le prix d’achat revient à entre 2 et 12 dollars par acre. Dans la plupart des cas, les terres sont louées pour de longues périodes allant jusqu’à 99 ans. Dans d’autres, notamment en Sierra Leone, les étrangers peuvent devenir propriétaires à 100%.

par Ram Etwareea

BRAZZAVILLE: 80 000 HECTARES LOUÉS
irin/
En remettant plus de 80.000 hectares de terres en friche à quelques dizaines de fermiers sud-africains, les autorités de du Congo-Brazzaville sont confiants qu'ils sauront améliorer considérablement l'expertise agricole domestiques et réduisent la dépendance chronique du pays sur les importations de produits alimentaires.

«En termes de la nutrition, nous sommes dans un état constant de besoin», a déclaré le ministre de l'Agriculture et de l'Elevage Rigobert Maboundou. «C'est pourquoi nous donnons ces terres, pour être travaillé par les locals et pour bénéficier de l'expertise sud-africaine.» Il a dit qu'il était essentiel de rendre les terres agricoles à ceux qui pourraient investir dans ce secteur.

«Le Congo-Brazzaville a été à l'attente d'une initiative d'investissement comme celle-ci, à la création des milliers d'emplois. Le pays s'attend à la nourriture abondante puisque les agriculteurs sud-africains produisent des cultures et élevent du bétail», a déclaré le ministre des Affaires foncières et des domaines publiques Pierre Mabiala.

Les 40 agriculteurs louent les terres appartenant au gouvernement pendant 30 ans, avec la fourniture de le prolonger de deux termes.
(EMP)

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