jeudi 1 septembre 2011

Analyse: Avertissements et grabuge à la veille des élections en RDC

(IRIN) - Selon les analystes et les observateurs, la deuxième élection présidentielle démocratique du Congo-Zaïre, prévue pour le 28 novembre, court le risque de déstabiliser davantage le pays à cause de délais dans l’organisation et de potentielles contradictions constitutionnelles.

L’International Crisis Group (groupement international contre les crises) avertissait déjà en mois de mai dans un rapport: «Loin d’annoncer la consolidation de la démocratie, les élections à venir sont au mieux un problème logistique et au pire une nouvelle cause de déstabilisation.» En effet, le pays ne s’est toujours pas rétabli des deux longues guerres qui ont marqué la fin de l’ère Josph-Désiré Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga.

Les Nations Unies averties
En plus, les Nations Unies sont averties. Leur Secrétaire général, Monsieur Ban Ki-Moon a souligné que les élections avaient le potentiel d’«atténuer les tensions et de permettre la création d’institutions transparentes et responsables». Mais selon lui le risque est très grand que les élections «pour les communautés divisées par le conflit».

Pour éviter le pire, le secrétaire de l'ONU ajoute que les élections congolaises doivent «avoir lieu dans les délais, être transparentes et crédibles, se dérouler dans la paix et la sécurité et offrir à tous les Congolais l’occasion de participer librement sans crainte d’être victimes de harcèlement et de violence [...] Nous avons beaucoup investi et nous avons beaucoup à perdre».

Ce qui est très difficile avec l'équipe du président sortant, Joseph «Mwǎna ya Tatá» Kabila: harcèlement, violence contre l'opposition et un calendrier électoral qui selon l'opposition, est une exigence constitutionnelle. Car selon la constitution, «Le scrutin pour l'élection du Président de la République est convoqué […] quatre-vingt dix jours avant l'expiration du mandat du Président en exercice ». Le mandat de M. Kabila expire le 6 décembre 2011.

Calendrier électoral inconstitutionnel et irréaliste
Les reproches de l'opposition sont fortes: En mai, 26 partis d’opposition ont signé une déclaration: disant que le calendrier électoral est «inconstitutionnel et irréaliste». Le gouvernement continue de soutenir que la Constitution n’a pas été violée. Un porte-parole a indiqué que l’intervalle de 90 jours ne faisait pas référence à la journée de l’élection, mais au premier jour de l’organisation du scrutin. Si la Cour suprême examine actuellement la question, le gouvernement ne semble pas disposé à remanier le calendrier.

Le gouvernement a également rejeté d'autres avertissements de l’opposition. Dans son rapport, l’International Crisis Group indique par ailleurs que les Congolais sont confrontés à un dilemme: respecter les échéances constitutionnelles «et organiser des élections bâclées, ou ignorer ces échéances et plonger dans une période d’inconstitutionnalité du pouvoir».

Constitution violée depuis 1960
Selon N'Sii Luanda Shandwe, président du Comité des observateurs des droits de l'homme, un groupe de défense des droits, les leaders du Congo ont régulièrement violé les dispositions des textes fondamentaux depuis l’indépendance. Cette fois-ci toutefois, M. Luanda estime que le fait d’ignorer les partis d’opposition dans l’établissement du calendrier électoral pourrait avoir des résultats catastrophiques: «Ne pas tenir compte du point de vue des partis d’opposition, pourrait pousser ces derniers à encourager leurs partisans à se soulever si les élections ne se dérouleraient pas bien. Je craint que les élections seront catastrophiques».
Calendrier électoral
28 nov. 2011 Élection présidentielle
6 déc. 2011 Expiration du mandat de Kabila
20 déc. 2011 Prestation de serment du vainqueur
25 mars 2012 Élection législative
13 juin 2012 Élection sénatoriale
21 juillet 2012 Élection gouvernatoriale
fév./amrs 2013 Élections locales

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